Jorge Luis Borges | nuit après la nuit
Depuis une bonne douzaine d'années, je ne m'en sépare pas : mes deux tomes Pléiade de Borges, édition Jean-Pierre Bernès. Il paraît qu'ils vont valoir encore plus cher, maintenant que la nouvelle édition est arrivée. Pourquoi pas : mais je les garderai. J'ai beaucoup de Pléiades, c'est un outil de travail parfois un peu ridicule (note dans Sophocle : « Remarquez l'importance que les Grecs accordent à la fraîcheur en été, et à la chaleur en hiver », bien, en pleine tragédie...), parfois à en hurler de pitié (les introductions Citron dans la Comédie humaine), et d'autres par contre vous accompagnent toute la vie, la vieille édition de Montaigne (avait acheté la plus moderne, mais l'ai réofferte), le vieux Poe, les trois Michaux, les deux Gracq et plein et plein.
Le Borges avait rejoint tout de suite le clan des réservés : on relit les pierres angulaires, Fictions et Aleph, on a lu 30 fois Les ruines circulaires ou L'Immortel mais on y trouve encore quelque chose, et de là on s'en va au plus loin dans l'oeuvre, vers les Sept nuits (ci-dessous un extrait) ou Le livre des préfaces avec une préface aux préfaces etc.
Sur l'affaire Borges et pourquoi l'éclipse, lire Pierre Assouline, complet et définitif – triste, aussi.
Il ne faut pas s'illusionner : on aurait, nous, l'impression que c'est de la famille. Cette famille secrète et réservée, des grands voyages intérieurs. Et celui-ci est encore tout près de nous : on a entendu Alberto Manguel raconter comment il allait lui lire à haute voix les livres dont l'aveugle désignait sans manquer l'emplacement dans sa bibliothèque. Mais je n'ai jamais eu de groupe d'enseignants ou d'étudiants où, sur les vingt habituels, plus de quatre ou cinq étaient familiers de l'oeuvre : à cette altitude, c'est à nous qu'il revient d'y conduire, d'indiquer les pistes, les enjeux.
Il y a des mystères plus discrets, par exemple ces 3 semaines de 1936 où Henri Michaux et Borges, aussi inconnus l'un que l'autre, font amis : ils se disaient quoi ? Aucun des deux pour en avoir parlé en détail.
Il y a probablement de grands chantiers encore à ouvrir dans l'oeuvre : il y a eu, de 1937 à 1942, quatre versions successives de La bibliothèque de Babel, et on se souvient que Le livre de sable naît d'une des notes de bas de page de la Bibliothèque : Borges ne nous renseigne pas sur sa propre invention du fantastique, mais dans les textes qui font l'armature du Pléiade, c'est toujours du fantastique qu'il nous parle, funambule école.
Dans le nouveau Pléiade, pour consoler ceux qui n'ont pas d'avance l'ancien, des retraductions de poèmes par un de nos plus hauts poètes (le travail de traducteur en découle), Jacques Ancet (voir son site, ou ses textes sur publie.net). Ainsi, ce Spinoza :
Elles taillent les translucides mains
Du juif, dans la pénombre, les cristaux.
Le soir est peur et froid en son déclin.
(Au soir qui vient chaque soir équivaut).Ses mains comme l'espace de jacinthe
Qui aux lisières du Ghetto pâlit
Existent peu pour l'homme qui construit,
calme, le songe clair d'un labyrinthe.La gloire ne l'émeut pas, cet espoir
De songes au songe d'un autre miroir,
Ni le craintif amour des jeunes filles.Métaphores et mythes, il les oublie
taillant son cristal : la carte infinie
De Qui dans toutes ses étoiles brille.© Jorge Luis Borges, traduit par Jacques Ancet…
En tout cas, se féliciter que cette pièce décisive du puzzle littéraire soit à nouveau en place. Pour l'accueil sur cette page, je me permets d'indiquer le site d'un plasticien du fantastique : Pierre Cayette (1930-2005), voi]r notamment ses Songes de pierre.. L'image ci-dessus est directement inspirée de la Bibliothèque de Babel.
Sur Internet, auteur sous droits donc pas de miracle, mais lire cet entretien sur site Monde Diplo, suivre aussi le site (anglais) Garden of forking paths, bien sûr les extraits filmés de conférences ou entretiens sur YouTube.
Jorge Luis Borges | Sept nuits (un extrait)
Un autre exemple de cauchemar, qui fit l'admiration de De Quincey, se trouve dans le second volume de The Prelude, de Wordsworth. Celui-ci nous dit qu'il était préoccupé – et cette préoccupation est surprenante si l'on pense qu'il écrivait au début du XIXème siècle – du danger qu'encouraient les arts et les sciences, qui étaient à la merci de n'importe quel cataclysme cosmique. A cette époque on ne pensait pas à de tels cataclysmes ; aujourd'hui nous pouvons craindre à tout moment que l'œuvre entière de l'humanité, l'humanité elle-même, ne soit détruite. Nous pensons à la bombe atomique. Wordsworth raconte donc qu'il s'entretenait avec un ami. « Quelle horreur, lui dit-il, quelle horreur de penser que les grandes œuvres de l'humanité, que les sciences, que les arts, soient à la merci d'un quelconque cataclysme cosmique ! » L'ami lui avoue que lui aussi a eu cette crainte. Et Wordsworth ajoute : « Voilà ce que j'ai rêvé... »
Wordsworth nous dit qu'il se trouvait dans une grotte devant la mer, qu'il était midi, qu'il lisait dans le Don Quichotte, un de ses livres préférés, les aventures du chevalier errant que narre Cervantès. Il ne le mentionne pas directement, mais nous savons de qui il s'agit. Il ajoute : « Je laissai le livre, je me mis à réfléchir ; je pensai, précisément, à cette question des sciences et des arts puis ce fut l'heure. » L'heure intense de midi, la chaleur étouffante de midi et Wordsworth, assis dans sa grotte face à la mer (alentour il y a la plage, les sables jaunes), se rappelle : « Le sommeil s'empara de moi et je me mis à rêver. »
Il s'est endormi dans sa grotte, face à la mer, parmi les sables dorés de la plage. Dans son rêve, le sable l'environne, un Sahara de sable noir. Il n'y a pas d'eau, il n'y a pas de mer. Il est au centre d'un désert – dans le désert on est toujours au centre – et il se demande, terrifié, comment s'échapper quand il s'aperçoit que quelqu'un est près de lui. Fait étrange, c'est un Arabe de la tribu des Bédouins, monté sur un chameau et tenant une lance dans la main droite. Sous son bras gauche il serre une pierre et dans sa main un coquillage. L'Arabe lui dit qu'il a pour mission de sauver les arts et les sciences et il lui approche le coquillage près de l'oreille ; le coquillage est d'une extraordinaire beauté. Wordsworth nous dit qu'il a entendu la prophétie (« dans une langue que je ne connaissais pas mais que je compris »). C'était une sorte d'ode passionnée, prophétisant que la Terre était sur le point d'être détruite par le déluge qu'envoyait la colère de Dieu. L'Arabe précise que c'est vrai, que le déluge approche mais qu'il a, lui, une mission à accomplir : il doit sauver les arts et les sciences. Il lui montre la pierre. Et cette pierre, curieusement, est la géométrie d'Euclide sans cesser pour autant d'être une pierre. Puis il lui tend le coquillage et le coquillage est aussi un livre, c'est le livre qui lui a annoncé ces choses terribles. Le coquillage est aussi toute la poésie du monde y compris, pourquoi pas ? le poème de Worsworth. Le Bédouin lui dit : « Je dois sauver ces deux objets, la pierre et le coquillage, ces deux livres. » Il tourne la tête et Wordsworth, à un moment donné, voit le visage du Bédouin changer et se remplir d'effroi. Il regarde à son tour derrière lui et voit une grande clarté, une clarté qui a déjà inondé la moitié du désert. C'est celle des eaux du déluge qui va détruire la Terre. Le Bédouin s'éloigne et Worsdworth constate que ce Bédouin est aussi Don Quichotte et le chameau, Rossinante, et que, tout comme la pierre est un livre et le coquillage Don Quichotte, il est, à la fois, ces deux choses et aucune des deux. Dans cette dualité réside l'horreur du rêve. Wordsworth alors se réveille avec un cri d'effroi car les eaux l'ont atteint.
Le Philips Activa déboule en France
Le baladeur “coach sportif” de Philips, l’Activa, sera disponible en France début mai pour 130 euros. Destiné aux sportifs, celui-ci embarque un “réel ” coach sportif qui ne se contente pas que de vous donner le nombre de calories perdues, mais vous encourage également dans l’effort. Bien plus complet qu’un kit Nike+ par exemple, l’appareil dispose de capteurs pour mesurer vos pertes de calories, la distance que vous parcourrez à chaque utilisation ainsi qu’une fonction TempoMusic, pour que votre musique suive votre rythme. Il est également équipé d’une capacité de 4Go, de la technologie FullSound, d’un micro, d’un tuner FM, d’une compatibilité MP3/WMA/APE/FLAC/AAC/JPEG, d’un logiciel PC pour faire plein de calculs, de courbes et stocker vos performances. Il est livré avec une paire d’écouteurs intra étanches, un étui silicone, un brassard et une gourde (c’est en fait le packaging du produit).
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Romain Gary et le don
Le paradigme du don dans l'oeuvre de Romain Gary
Si l'auteur de La promesse de l'aube, de L'angoisse du roi Salomon et des Cerfs-volants, pour ne citer que quelques-uns des romans écrits par Romain Gary, n'a pas à proprement parler théorisé le don, il n'en reste pas moins que le don y apparaît comme une thématique centrale dont l'écrivain semble avoir clairement perçu les enjeux. Dans les trames narratives, la construction des personnages, les relations, ambivalentes parfois, qu'ils entretiennent entre eux, la complexe relation du don tient si une place prépondérante que c'est tout naturellement qu'on est invité à dégager cet aspect généralement trop méconnu de son oeuvre. Analyser ses ouvrages à l’aune de ce paradigme, fondé sur la dynamique circulaire du donner – recevoir – rendre, se révèle être particulièrement fructueux et éclairant.
Don et réalisation de soi
La réalisation du sujet-homme, de « l'affaire homme » pour reprendre le titre d'un livre de Gary, passe par la relation à Autrui et par l'apprentissage du don. Aucune idée n'est davantage au coeur de sa vision de l'homme que celle qui affirme : le « Je » n'existe pas seul, il est lié aux autres. Ou pour le dire avec ses mots : « Il ne suffit pas d’être mis au monde pour être né » ou encore « le Royaume du « je » n’existe pas ». Nombre des romans de Gary peuvent être lus à la lumière de cette déficience ontologique originaire qui appelle la rencontre, parfois impossible ou refusée, avec l'altérité. Le repli, l'absence de liens, ou encore la fuite dans des idéaux abstraits, conduisent inévitablement à l'appauvrissement de l'existence humaine, tandis que le don ouvre au champ fécond des possibles, des rencontres, de l'amour et de la créativité. Les multiples formes que revêt le don et les tensions diverses qui le travaillent s'entrelacent de façon complexe dans les rapports humains et sociaux tels que les envisagent les romans de Romain Gary.
Afin d’illustrer cette idée directrice, suivons le parcours de plusieurs personnage semblématiques aux différents âges de la vie. En partant de l’enfance et du premier sentiment amoureux, jusqu'à la vieillesse où il faut affronter la solitude et le déclin sexuel, en passant par la nécessité de l'engagement pour l'adolescent qui se construit, sans oublier l’âge adulte où l'homme et la femme se créent l'un l'autre dans le couple, le don se trouve au coeur de bien des bouleversements.
Le premier rapport amoureux du narrateur de La promesse de l'aube se présente sur un mode entièrement sacrificiel. Amoureux de Valentine, éperdument, jusqu'à l'aliénation, engloutissant pour son plaisir tout ce qu'elle lui demande, il semble pourtant tirer profit de ce premier don de soi. Semblable à une nouvelle naissance, son don, jusque dans ses excès, lui permet d'exister et d'être reconnu dans les yeux de son amante. « J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. » Ce don à sens unique le conduira presque à sa perte puisqu'il finit par tomber malade et devra passer quelque temps à l'hôpital. Néanmoins, il en tire une profonde fierté. Ainsi avoue-t-il avoir conservé le soulier en caoutchouc dans lequel il mordait avec amour, pendant des années. Ce don de soi qu'il accepte volontairement le porte à la vie, bien plus que la vie qu'il a reçue de façon passive à la naissance. Non sans ironie, il avoue: « J'étais toujours prêt à m'y attacher, à donner, une fois de plus le meilleur de moi-même. Ça ne s'est pas trouvé. Finalement, j'ai abandonné le soulier derrière moi. On ne vit pas deux fois ».
Si les rapports interpersonnels sont faits d’obligations et de contraintes, ils sont en même temps pour Gary la seule manière pour l'être humain d'éprouver le sentiment d'exister. Et quelle autre manière pourrait-il bien y avoir si l'individu est en soi un être sans identité ? L’un des rapports les plus importants est certainement celui de la mère à l’enfant. Alors que l’approche psychologique insiste sur la nécessité pour l'enfant d'échapper à l'emprise maternelle pour gagner son autonomie, Gary affirme au contraire dans La nuit sera calme : « J'entends par là que 'se libérer' de l'amour d'une mère et de l'amour que l'on a pour une femme, ce n'est pas ce que j'appelle une libération, c'est très exactement ce que j'appelle un appauvrissement ».
Si dans La promesse de l'aube le petit Romain fait tout ce qu'il peut pour sa mère, de son côté elle se donne corps et âme pour lui. À peine a-t-il levé les yeux vers elle pour lui redonner de la force, la voici qui retourne à la tâche pour gagner de l'argent et vendre des robes pour le faire vivre. « Souvent, je voyais ma mère sortir du salon pendant un essayage particulièrement capricieux, venir dans ma chambre, s'asseoir en face de moi et me regarder silencieusement, en souriant, comme pour reprendre des forces à la source de son courage et de sa vie. » « Sa vie » n'est pas ici à prendre au sens où elle s'accaparerait l'existence de son fils sans lui laisser une place bien à lui, mais comme un échange, un équilibre qui se construit à deux. Romain lui doit l'existence puisqu'elle l'a mis au monde. Réciproquement, la vie de sa mère se soutient grâce à Romain qui est sa raison d'être, en sorte qu'elle aussi lui doit la vie. Cet amour mutuel permet à chacun non seulement d'exister mais de se créer, serait-ce par le prisme de la littérature. C'est en ce sens qu'ils forment un couple au sens garyien. Paul Audi analyse leur « don d'amour » en ces termes : « Nina a 'fait' de Romain un auteur de roman comme Romain a 'fait' de Nina un personnage de roman. Leur amour fut l'un pour l'autre une source d'inspiration qui aura fait naître une deuxième fois Romain : en tant qu'auteur, et une deuxième fois Nina : en tant que personnage créé par cet auteur. Le don fut plus que réciproque : circulaire. » L'amour débordant, envahissant, tonitruant, de sa mère a certes créé une situation de dette, mais elle est compensée par la formidable force qu'elle engendre et qui pousse Romain à se donner à son tour dans ce qu'il entreprend, avec la hardiesse et le succès que l'on sait.
Dans l'amour chacun a le sentiment d'être en situation de dette – n'a-t-il pas plus reçu qu'il ne pourra jamais donner ? - mais cet état, loin d'entraîner un sentiment de culpabilité, forge un climat de confiance et de réciprocité. C’est ce que Godbout nomme la dynamique de « la dette mutuelle positive ». Madame Rosa décède, le petit Momo lui doit tout, mais cette dette, c'est le point de départ de la vie. Ce faisant, chacun a « la vie devant soi ». Le titre La promesse de l'aube évoque exactement la même idée. Le don, il faut apprendre à le recevoir, à se l'approprier pour ensuite pouvoir renaître enrichi. Mais il contient toujours une part de mystère. D'abord, parce que ses règles restent tacites. Ensuite, parce qu'il est suspendu à l'incertitude. Aussi s'agit-il toujours d'un pari risqué en l'humanité de l'autre.
Revenons un instant à La promesse de l'aube, ce magnifique récit biographique où Gary revient sur le parcours aventureux de son enfance et de sa jeunesse. Alors que Romain est encore jeune homme, il décide de mettre à l'épreuve la nature bienveillante de l'être humain et la générosité des autres. « J'avais aussi manqué de confiance dans mes semblables et n'avais pas tenté d'explorer suffisamment les possibilités de la nature humaine, laquelle ne pouvait tout de même pas être entièrement dépourvue de générosité. » Il choisit donc d'aller s'empiffrer de croissants au comptoir d'un bistrot. Après avoir mangé toute la corbeille, au moment des comptes, il regarde le cafetier avec sympathie en affirmant ne devoir qu'un café et un croissant. Ce dernier sourcille quelque peu, puis fait finalement preuve de générosité. Le narrateur en ressort « transfiguré ». N'est-ce pas là ce que note Jacques Godbout ? La générosité « entraîne la reconnaissance, une nouvelle naissance conjointe, un autre don non prévu, et ainsi de suite sans fin. »
Mais aucun roman ne mérite davantage d'être lu à la lumière du don maussien que
L'angoisse du roi Salomon que Gary publia en 1979 sous le pseudonyme d'Emile Ajar.
L'angoisse du roi Salomon
En effet, la thématique du don est bel et bien centrale dans L'angoisse du roi Salomon. Il est même possible de le lire comme un roman initiatique du don9. Nombre de sujets et concepts mis en avant par les penseurs de la Revue du Mauss y sont traités par Gary.
Ainsi, tout d'abord, l'interrogation sur l'aide humanitaire et le bénévolat puisque monsieur Salomon a fondé l'association S.O.S. Bénévoles. À ce propos sont interrogées les motivations de l'engagement altruiste lorsqu'il se fait dans un cadre quasiment anonyme, ce don entre étrangers qui, selon Jacques Godbout, est l'une des caractéristiques du don moderne.
La figure de Salomon est symptomatique du besoin des hommes de donner pour exister. Le narrateur, Jean ou Jeannot, s'interroge tout au long de l'histoire sur les raisons qui poussent M. Salomon à agir ainsi. Les pistes évoquées sont la pitié, le désir de toute-puissance, le désespoir d'un homme solitaire. Enfin, l'explication de son action va se concentrer sur une histoire d'amour vieille de cinquante ans.
Jacques T. Godbout a écrit deux analyses sur l'engagement bénévole. Selon lui, trois
principes régissent le fonctionnement de ce type d'organisation. D'abord, il s'agit de petites structures où « la qualité humaine du lien » est mise en valeur. Ensuite, il n'y a a priori pas de rupture entre l'aidant et l'aidé, entre le « producteur » et « l'usager ». Ce point est, par exemple, fondamental pour les Alcooliques Anonymes qui se considèrent tous comme des alcooliques ne buvant pas. Enfin, les bénévoles insistent sur le fait qu'ils agissent librement et que cet engagement apporte beaucoup à chacun.
Si on analyse de plus près la structure de S.O.S Bénévoles dans L'angoisse du Roi Salomon, on retrouve ces diverses caractéristiques amenées avec le merveilleux humour de Romain Gary. Celui qui répond à l'autre bout du fil est bien souvent dans une situation de détresse comparable à celui qui appelle. En aidant l'autre, on s'aide souvent soi-même. Ainsi valorisée, la personne a de surcroît le sentiment d'aider l'humanité tout entière. Son action répond pourtant parfois plus à un besoin personnel qu'elle n'est un geste désintéressé. En témoigne ce que dit Salomon au narrateur : « Il m'a expliqué qu'il y avait là un problème, il fallait trouver des bénévoles qui viennent pour aider les autres et pas pour se sentir mieux sur leur dos ».
Aux êtres en situation de « désert affectif », le bénévole apporte une attention à chaque fois personnelle. Salomon envoie des fleurs et des cartes à des dates bien précises pour que les personnes seules sachent que quelqu'un quelque part pense à eux. Mais ce type d'action anonyme n'est pas sans poser des problèmes.
Les personnes aidées, bien souvent, veulent rendre le don qui leur a été fait. Telle est la circularité de la relation qui ne doit pas être à sens unique. Sinon, on verse dans la pitié et la charité ; cette charité dont Marcel Mauss dit qu'elle est «blessante pour celui qui l'accepte. »
Ainsi, pour faire accepter à une vieille dame une corbeille de fruits, le narrateur présente le don sous l'angle de l'échange : « Vous avez appelé plusieurs fois S.O.S Bénévoles. Vous avez pensé à nous, c'est gentil, alors on a pensé à vous ».13 Il est obligé d'une part d'identifier le donneur car la personne se méfie, croyant que c'est de la publicité - comprendre : un don intéressé -, et d'autre part, il inscrit ce don comme la suite d'un échange, d'une relation.
L'ethnologue Soizick Crochet montre, dans une analyse proche des idées de Gary, comment l'humanitaire tronque la relation de don au profit d'une relation qui empêche l'échange comme c'est le cas du kula. Elle schématise les liens comme suit :
« - kula : donneur <-> receveur et receveur <-> donneur-
humanitaire : donateur <-> organisation <-> bénéficiaire. »
La structure de l'humanitaire atteint vite ses limites puisqu'elle entrave un élément essentiel de l'échange selon Mauss : l'obligation de répondre aux cadeaux reçus. Pour cela, le donateur doit être identifié au risque sinon de tomber, comme l'écrit Gary, dans « un humanitarisme qui n'[a] plus rien d'humain ». Aussi est-il nécessaire de prendre en compte les particularités de chacun. Sans quoi l'action est aveugle, anonyme elle ne répond pas aux exigences de circularité du don.
Celles-ci prennent parfois des formes plaisantes chez Gary. On songe au rapport qu'entretient Jeannot avec le concierge de l'immeuble de M. Salomon, siège de S.O.S Bénévoles.
Voici, en effet, une façon bien étrange et pourtant si juste de venir en aide à M. Tapu. Plutôt que de jouer la carte de la pitié, qu'il avait d'abord tentée en s'excusant sans cesse face aux remontrances constantes du gardien, il préfère alimenter la haine de cet homme car « on a toujours besoin des autres, on peut pas passer sa vie à se détester soi-même. ». Pour ce faire, il pisse le long du mur, casse une vitre sur son passage, lui fait un bras d'honneur et se « sent remonté avec le sentiment bénévole qu'[il] avait rechargé les batteries de M. Tapu et qu' il] était content parce que ce n'est pas tous les jours qu'on peut aider un homme à vivre. »
L'action bénévole pense trouver sa raison d'être dans son action même. Jacques Godbout écrit ainsi : « Le sens de leur geste est à rechercher dans le geste lui même. » Or, donner pour donner est quelque part insuffisant car c'est comme débuter un processus sans vouloir le poursuivre. En ce sens, c'est une attitude quasi-pathogène. D'où le titre du roman, L'angoisse du roi Salomon , qui évoque un personnage dont la pulsion de donner est en fait symptomatique d'une angoisse. Pourquoi Salomon donne-t-il ?
Le narrateur, Jeannot, cherche à comprendre les raisons de son comportement. Première piste évoquée : Salomon se prendrait-il pour Dieu ?
L'idée que l'expérience du don se rapproche d'une expérience religieuse est abordée par Jean-Marie Guyau dans L'amour de l'humanité comme irréligion de l'avenir. L'acte de donner traduit une volonté puissante de s'ouvrir à l'autre. Affirmation et expression de l'être. Mouvement enthousiaste, signe d'espoir en l'autre, qui n'est pas l'apanage seulement des religions, même s'il partage avec elles une intensité comparable. Lorsque le narrateur reçoit le don de M. Salomon, il avoue avoir vécu une « expérience religieuse »21. Telle est d'ailleurs, la première explication de Chuck, l'ami du narrateur : le don purement désintéressé est un acte divin, bien que Dieu soit loin d'être toujours à la hauteur du bien qu'on attend de lui et qu'il convienne de le rappeler à Ses devoirs . « Chuck […] dit que monsieur Salomon ne fait pas tellement ça par bonté de coeur mais pour donner des leçons à Dieu, pour Lui faire honte et Lui montrer le bon chemin. »
Ensuite, Chuck propose une deuxième explication - calculatrice, égoïste et utilitariste, cette fois-ci - tellement l'attitude de M. Salomon dépasse l'entendement : « Il veut être aimé ce vieux schnock. » Ainsi sous-entend-t-il que la générosité de Salomon est secrètement intéressée et que le vieil homme cherche en réalité l'amour et la reconnaissance des autres. Les deux explications avancées par Chuck se situent aux deux extrémités du don. D'un côté, c'est le don pur et absolu, entièrement désintéressé. De l'autre, c'est l'illustration du don purement intéressé. Or, la particularité du don, c'est justement de se situer entre ces deux extrêmes. Le narrateur note la très grande solitude de Salomon, son âge avancé, quatre-vingt quatre ans, et sa volonté de continuer à vivre. Dans un sens très maussien, il explique que si le vieil homme donne, c'est pour l'honneur24, c'est pour affirmer son statut d'être humain. C'est son moyen de lutter contre la mort. D'où « l'acharnement [de M. Salomon] à aimer et à vouloir vivre encore et encore et sans fin, comme c'est pas permis »25. Monsieur Salomon soigne sa tenue à l'extrême, collectionne des timbres et répand ses bienfaits pour se donner une contenance, pour se sentir toujours exister. Cependant, à la fin du roman, M. Salomon met un répondeur automatique qui renvoie les appels à S.O.S. à une autre permanence. Que s'est-il passé ?
L'intrigue du roman se cristallise alors sur l'attitude de M. Salomon envers Mlle Cora Lamenaire. Au fur et à mesure, le lecteur apprend l'amour du protagoniste pour cette diva de la chanson française d'avant-guerre. Pendant la guerre, leur destin s'est séparé. M. Salomon est resté quatre ans caché dans une cave. Cora, qui est tombée folle amoureuse d'un collaborateur, ne l'a pourtant pas dénoncé à la Gestapo alors qu'elle connaissait sa cachette. À la Libération, la chanteuse se retrouve démunie du fait de son attitude pendant la guerre. M. Salomon, en apprenant qu'elle a des ennuis, écrit une lettre certifiant qu'elle avait sauvé un juif. Puis ils perdent tout contact jusqu'à ce que bien des années plus tard M. Salomon descende aux toilettes et découvre que Cora était devenue dame-pipi. Cora explique ainsi la rencontre à Jeannot : « Il m'a saisie par le poignet, il m'a traînée après lui, en remontant l'escalier. On s'est mis à une table dans un coin et on a parlé. Non, ce n'est pas vrai, on ne s'est pas parlé, lui, il n'arrivait pas à dire un mot, et moi j'avais rien à ajouter. Il a bu de l'eau et il s'est retrouvé. Il m'a acheté un appartement et il m'a fait une belle rente. Mais pour le reste… » Qu'entend-t-elle par « le reste » ?
La situation est empoisonnée par les dons que chacun estime avoir fait alors qu'il ne retrouve pas en l'autre une attitude de contre-don digne de son geste. Ils s'aiment tous les deux mais ils ne sont incapables de discuter ensemble ; leur seule relation s'est faite par services ou échanges de biens interposés. L'impasse vient de l'interprétation que chacun donne à ces dons.
Mauss soulignait l'ambivalence du mot Gift qui en anglais signifie cadeau alors qu'il veut dire poison en allemand. Cora avoue, en effet : « Je ne pouvais pas lui pardonner son ingratitude, quand je l'ai sauvé de la Gestapo. » Et elle analyse l'attitude de Salomon ainsi : « S'il m'avait oublié, il ne serait pas tant impardonnable, après plus de trente-cinq ans. Mais c'est de la rancune. Chaque année, il m'envoie des fleurs pour mon anniversaire, pour souligner. » De même, Salomon explique au narrateur que « l'appartement [qu'il lui avait offert] scellait leur séparation définitive. » Le don, dans leur relation, est ainsi devenu poison, une sorte de fin de non recevoir.
En soi, le don peut être équivoque ou déplacé ou refusé, peut ne pas être rendu, ou être mal perçu, etc. Toutes ces incertitudes font que certaines personnes restent au bord de la relation de peur d'y rentrer.
De fait, la dynamique du don n'est pas sans incertitude ni danger. Sait-on jamais d'avance la réaction d'autrui ? Jusqu'où l'on peut se trouver entraîné ? Le don s'impose au sujet garyen, nous l'avons rappelé, puisqu'il ne peut vivre pleinement en-dehors de l'autre. Dans une même veine, Alain Caillé souligne que la subjectivité « ne peut éclore, précisément, que pour autant que le sujet s'affirme comme tel, au-delà de l'intérêt, pour courir le risque fatal du don et de la donation. » En même temps, nombre de personnages chez Gary ressentent une difficulté à s'engager dans la relation à l'autre, une incapacité qui les empêche de se réaliser. Tel est le cas de Lenny dans Adieu Gary Cooper qui refuse d'entrer en relation avec quiconque et même avec lui-même. Repoussant les déclarations de Tilly, il s'exclame : « — Je peux pas l'expliquer, Tilly. Je suis trop con. Et puis, je sais pas parler. Je ne parle même pas à moi-même. J'ai rien à me dire. »
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L'analogie, moteur de la pensée
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GTD Times rank well in management & leadership blogs
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Décrypter le mouvement des piétons dans une foule
Nouveau rapport de l'Afsset sur les radiations non ionisantes
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Creativity in Business Thought Leader Series
Thought leader interview by Michelle James of The Center for Creative Emergence!
Interview #15 in the Creativity in Business Thought Leader Series is with Michael Gelb, a leading authority on the application of genius thinking to personal and organizational development. Michael is the author of 12 books on creativity and innovation including the international best seller How to Think Like Leonardo Da Vinci: Seven Steps to Genius Every Day. In 2007 he released Innovate Like Edison: The Five Step System for Breakthrough Business Success, co-authored with Sarah Miller Caldicott, the great grand niece of Thomas Edison. A pioneer in the fields of creative thinking and innovative leadership, he leads seminars for organizations such as DuPont, Merck, Microsoft, Nike, Raytheon and YPO. He just released his new book, Wine Drinking For Inspired Thinking: Uncork Your Creative Juices.
Q: Your work helps others engage, express and apply their creativity – among other things – in their work, life and business. How does your work express your own creativity?
Gelb: I use my creativity to transform my passions into books and seminars to inspire others. My passion for the art of juggling, (I’m a former professional juggler who once performed with the Rolling Stones and Bob Dylan), became a program called The 5 Keys to High Performance: Juggling Your Way to Success. My passion for aikido, (I’m a fourth degree black belt), led to the book co-authored with International Grandmaster Raymond Keene, Samurai Chess: Mastering Strategic Thinking Through the Martial Art of the Mind. I trained as a teacher of the Alexander Technique, (the method taught at The Julliard School for cultivating commanding stage presence) which resulted in my book Body Learning: An Introduction to the Alexander Technique; and then Present Yourself! Captivate Your Audience with Great Presentation Skills. My passion for applying genius thinking to personal and organizational development is expressed in Discover Your Genius: How To Think Like History’s Ten Most Revolutionary Minds. My love for wine and poetry as a means for bringing teams together is manifest in my latest book, Wine Drinking For Inspired Thinking: Uncork Your Creative Juices.
Q: What do you see as the New Paradigm of Work?
Gelb: When I first began leading seminars in the late 1970s most of my corporate clients were just beginning their efforts to shift from a hierarchical, top down, “command and control” paradigm to a more flexible, agile and team-oriented approach. Although organizational structures have evolved significantly, many individuals still struggle because they haven’t incorporated the creative thinking and communication skills that are essential to operating effectively in a dynamic, diverse, matrixed, more open-sourced context.
Moreover, accelerating change and complexity has resulted in ever greater demands on the individual’s time and energy. Most of my clients are being asked to work longer hours, to accomplish more with fewer resources. But, as the pressure to perform continues to rise so has the yearning for a clearer sense of meaning and purpose.
More than just a shift in thinking skills, a successful adaptation to The New Paradigm requires a leap of consciousness. Specifically, a leap from the win-lose, high-tech/low-touch, left-brained, competitive mind-set to a win-win, high tech-high touch, whole-brained cooperative attitude . The internet has made it easier for people to recognize our essential interconnectedness, and increasing awareness of our ecological and financial interdependence is driving more people to a practical appreciation of the core teaching of the world’s great spiritual traditions: As Leonardo da Vinci expressed it: “Everything connects to everything else.”
This consciousness is alive in the movement for Conscious Capitalism. Conscious Capitalism is based on the idea of organizing businesses around a higher purpose that includes but goes beyond profit. It is focused on fulfilling a higher purpose, which evolves dynamically over time. New Paradigm organizations express this consciousness of interdependence by organizing around a Stakeholder Orientation, i.e., they focus on delivering value to ALL stakeholders, with an unswerving commitment to align the interests of customers, employees, vendors, investors, the community, and the environment to the greatest extent possible.
One of the think tanks promoting this new vision is the Conscious Capitalism Institute, where I’m honored to serve as the Director of Creativity and Innovation Leadership.
Q: What do you see as the role of creativity in that paradigm?
Gelb: Thirty years ago most organizations viewed “Creative Thinking” as a luxury item. Now, they understand that it is a necessity. Moreover, the the notion that creativity is the province of a few “Creative types” and that everyone else can afford to think in just a linear fashion is falling by the wayside, as is the myth that “Creativity” is a function of the right hemisphere exclusively. Real creativity is a function of an integration of logic and imagination, of the left and right hemisphere working in harmony.
Thomas Edison noted, “I don’t want to invent anything that won’t sell.” Edison understood that “Sales are proof of utility” and that “Utility is success.” In other words, Edison focused his phenomenal creative powers on making things that people wanted and needed like light, recorded sound and the movies! The new paradigm invites us to find the balance between rationality and intuition, between inspiration and application. This balance has always been a feature of great geniuses like Leonardo and Edison but now it must become the standard for all.
Q: What attitudes or principles do you see as essential for effectively navigating the new work paradigm?
Gelb: The first principle for thinking like Leonardo is “Curiosita’”– An insatiable quest for knowledge and continuous improvement. Curiosity is our birthright and the wellspring of genius. A profound passion to understand, learn and improve is a core attitude for individuals and organizations who wish to thrive with change. It goes hand-in-hand with the first competency for innovating like Edison: Solution-Centered Mindset–Instead of focusing our attention on obstacles and impediments we orient ourselves around finding creative solutions and new paths forward. (The seven principles for thinking like Leonardo da Vinci and the 5 competencies for innovating like Edison are designed to offer a comprehensive curriculum for navigating the new paradigm. )
Q: What is one technique people can start applying today to bring more creativity into their work or their business organization?
Gelb: Mind Mapping! (as originated by Tony Buzan). Most of us grew up learning to organize our ideas through outlining. Although valuable as a tool for presenting ideas in a formal, orderly fashion, outlining is useful only after the real thinking has been done. Outlining slows you down, and stifles your freedom of thought. Moreover, outlining is a reflection of the “old paradigm” hierarchical mind-set.
The structure of communication in nature is non-linear, non-hierarchical; it works through networks and systems. The ability to read, align, and work creatively with these systems is ultimately the definition of intelligence. Our thinking is a function of a vast network of synaptic patterns. A Mind Map is a graphic expression of these natural patterns.
The New Paradigm requires us to develop our ability to understand patterns of change, to see the web of connections that underlie complex systems. As you practice Mind Mapping you cultivate your systems thinking ability and you develop the coordination of your two hemispheres.
There are seven basic rules for effective Mind mapping:
- Begin your Mind Map with a symbol or a picture at the center of your page. Pictures and symbols are easier to remember than words and enhance your ability to visualize, remember, and think creatively.
- Use key words. Key words are the information-rich “nuggets” of recall and creative association. Key words can be generated faster and are easier to remember than sentences or phrases. Moreover, the discipline of generating key words trains the mind to focus on the most essential elements of a subject.
- Connect the key words with lines radiating from your central image. By linking words with lines, you’ll show clearly how one key word relates to another. Connect the lines for maximum clarity.
- Print your key words. Printing is easier to read and remember than writing.
- Print one key word per line. Printing one key word per line frees you to discover the maximum number of creative associations for each key word and trains you to hone in on the most appropriate key word, enhancing the precision of your thought and minimizing clutter.
- Print your key words on the lines and make the length of the word and line equal. This maximizes clarity of association and encourages economy of space.
- Use colors, pictures, dimension, and codes for vivid association and emphasis. Highlight important points and show relationships between different branches of your map. You might, for instance, prioritize your main points through color-coding. Use pictures and images often as they stimulate visualization and creative association and greatly enhance memory. Codes, such as asterisks, exclamation points, letters, and numbers, show relationship between concepts and further organize your map.
Q: Finally, what is Creative Leadership to you?
Gelb: Creative Leadership involves serving as a catalyst and steward of an organization’s deeper purpose and as a champion for all its stakeholders.
You can learn more about Michael Gelb and order his latest book, Wine Drinking For Inspired Thinking: Uncork Your Creative Juices at www.michaelgelb.com.
The Creativity in Business Thought Leader Interview Series is developed and conducted by business creativity catalyst, Michelle James, CEO of The Center for Creative Emergence and Quantum Leap Business Improv.
"Are you living in your zone or stumbling into your zone?
(The tool David mentions at the end is eProductivity for Lotus Notes. It’s what he uses personally to manage his projects and actions. If you’re a Notes user, you can learn more about David’s setup in the free Webinar on April 28th.)
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[Lectures] Une théorie empirique de la justice sociale
Une théorie empirique de la justice sociale: "Dans une société moderne, le juste prévaut sur le bien et se fonde sur le principe d'accord unanime entendu comme idéal régulateur. Cette fondation étant purement formelle, il reste impératif de recourir à un matériau empirique pour lui donner corps. La théorie empirique de la justice sociale proposée dans ce livre se présente ainsi comme le fruit d'un équilibre réfléchi entre d'un côté les jugements bien pesés que l'on repère empiriquement au sein du débat public et, de l'autre, les justifications théoriques, souvent traitées par (...)"